Mardi 11 avril 2017 - 14:26 | Mis à jour le Jeudi 13 avril 2017 - 12:02 - Linda Maziz - lejsd.com
Après trois ans de jachère, ce lieu d’événements culturels, d’activités sportives et circassiennes, et de solidarité auprès des enfants non scolarisés est de retour.
De la joie, de l’émerveillement, des bouches bée et des tonnerres d’applaudissements, avec des artistes qui enchaînent d’incroyables acrobaties sur des poteaux hauts de plusieurs mètres, qu’on appelle « mâts chinois » dans le langage du cirque. Avec cette première représentation, le chapiteau Raj’ganawak a officiellement repris du service ce dimanche 9 avril, après trois ans de jachère et un an et demi de préparation. Dans le public d’ailleurs, beaucoup de ceux qui ont œuvré « de près ou de loin » à la reconstruction de cette étonnante structure de bois, qui s’élève à nouveaux à deux pas de la gare, rue Ferdinand-Gambon, au milieu des immeubles et au cœur d’un quartier en pleine mutation.
Ce chapiteau, « c’est un bel exemple de chantier de solidarité », exprime avec toute sa gratitude Camille Brisson, que tout le monde ici surnomme « Camo ». Un pari un peu fou, qui est d’abord celui de cette jeune femme de 27 ans, qui a voulu poursuivre l’histoire qu’elle a commencé à écrire quand elle en avait 16, séduite par « ce lieu de rêves », que son parrain avait créé sur ce terrain dès 1998. À la tête de la société dionysienne « Nawak & Ventilo » spécialisée dans les décors de théâtre et de cinéma, il avait racheté ce site qui accueillait autrefois un garage (qui a donné « Raj’ga », en verlan) pour en faire un atelier.
« Un jour, à la sortie d’une construction de décor tout en bois, il a eu l’idée de s’en servir pour en faire un chapiteau. Et comme ça, il s’est passé ici tout un tas de spectacles, de 1998 à 2003 », raconte Camo, qui a grandi avec. Le site sert ensuite à stocker les décors qui s’y amoncellent jusqu’au jour où cette jeune trapéziste vient s’y installer en 2006 « dans une petite caravane attenante », avec l’envie de redonner vie au chapiteau. « Très vite, on rouvre des cabarets un peu sous le manteau et on démarre des ateliers cirques avec les enfants des bidonvilles. » Le début d’une belle histoire qui l’amène en 2011 à déplacer le chapiteau pour le remonter Passage Dupont, à la Plaine, au beau milieu des baraquements. C’est d’ailleurs là qu’a été tourné le documentaire, Spartacus et Cassandra, du nom des deux enfants roms qu’elle a recueillis et élevés. Ce film, maintes fois récompensés, a été réalisé par Ioanis Nuguet, devenu par la suite son compagnon et le père adoptif des deux ados.
Après quatre années passées en province, Camo est revenue avec les siens à Saint-Denis, avec l’envie de retenter l’expérience, mais « en partant sur un projet officiel ». Celui-là même qui a ouvert ses portes dimanche dernier et qui inaugurera samedi 15 avril à 20 h son tout premier cabaret. « On prévoit d’en faire un par mois », précise Camille, qui a concocté avec son équipe « une programmation d’essai jusqu’en juin », pour mieux lancer la saison prochaine en septembre. « D’ici l’été, on proposera chaque mois des cinés surprises, des bals, avec l’idée aussi de mettre cet espace à la disposition des associations et des habitants. » Un lieu d’événements culturels, mais pas que, puisque le chapiteau accueille aussi des activités sportives en semaine, avec par exemple un atelier de boxe féminine, ou encore un entraînement cirque tous niveaux (1). Un lieu de solidarité aussi avec la « petite école du Raj’ganawak », projet cher à Camo cela va de soi, qui accueille en partenariat avec l’ASET 93 chaque mercredi des enfants non scolarisés, repérés dans les bidonvilles et les hôtels sociaux, afin que le chapiteau soit pour eux un véritable tremplin vers l’école.
(1) 15 € d’adhésion annuelle à l’association, puis 3 ou 5 € la séance.
Contact : 3, rue Ferdinand-Gambon 93200 Saint-Denis.
Sur facebook : chapiteau Raj’ganawak.